Questions à….un catholique sympathisant

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Si tu es d’accord avec ce titre, Bernard, sympathisant en quoi et pourquoi ?

 

Je tiens d’abord à te remercier et dire combien j’apprécie cette démarche, manifestation d’ouverture et d’attention à l’étranger que je suis pour vous. De plus elle me conduit à des réflexions approfondies.

Pourquoi sympathie ? Je suis chrétien avant d’être catho et la joie que j’ai à vous fréquenter est celle du chrétien qui découvre que Jésus-Christ est professé en d’autres lieux que son église : c’est le gage d’une plus grande crédibilité et d’une certaine universalité du message chrétien

 

Ma sympathie pour le protestantisme est due à de multiples circonstances. Je te cite les deux plus importantes : d’abord dans les années 1970, la proximité spirituelle entre la paroisse de La Madeleine et l’Église réformée, impulsée par l’abbé Jean Marais et le pasteur Claude Lapert, avec de fréquents échanges de chaire ; ensuite notre découverte, avec Françoise, du formidable centre œcuménique de Taizé, initiative osée et très marquée par le protestantisme.

 

Nous avons, depuis, plusieurs amis protestants que nous aimons rencontrer. Il m’arrive de participer à un culte chez vous et c’est avec plaisir que nous nous joignons aux partages bibliques animés par votre pasteur ; ces diverses relations ne me culpabilisant en rien. Nous apprécions beaucoup Éric George, son érudition biblique, ses capacités pédagogiques. Il a le souci de répondre à chaque réflexion et toutes ses interventions montrent qu’il est un homme de foi.

 

Qu’est-ce qui te plait tant à Taizé ?

 

Taizé est notre havre, le port où l’on vient se ravitailler pour la grande traversée de l’année à venir. Depuis 1990, nous allons chaque année à une session organisée par un pasteur protestant. Ce lieu qui ne se veut surtout pas une institution nous semble plus proche de l’esprit même de l’évangile, par sa simplicité, sa richesse, son ouverture. C’est d’abord un vaste espace très fonctionnel en même temps que sobre et agréable. L’ensemble, offices et rencontres, est un lieu où chacun peut-être pleinement lui même en même temps qu’est respectée la collectivité. On y trouve son compte, aussi bien sur le plan psychologique que sur le plan spirituel. J’y ai aussi découvert, de l’intérieur, un aspect important de l’expression protestante que je ressens comme une relation personnelle à Dieu dans une communauté.

 

 


Qu’est donc devenue ta pratique religieuse aujourd’hui ?

 

Mes parents étaient très pratiquants et leur foi se traduisait par un attachement très rigoureux et contraignant aux pratiques et par un engagement et des actes. J’en ai été très marqué et j’ai toujours voulu suivre cette voie.  Cela dit, j’ai pris quelques distances avec cette pratique. Je me sens étranger au côté dogmatique de mon église et suis heurté par l’aspect pompeux et rituel de certains offices, en contraste avec l’excès de dépouillement de vos célébrations.

 

J’ai du mal avec l’institution, son autoritarisme hautain, ses errements récents (comme l’interdiction des prêtres-ouvriers, la mise au pas durement subie de théologiens de haut niveau ou de véritables prophètes) ou plus récemment les dictats de Benoît XVI. Pourtant, paradoxalement, cette structure imposante me rassure car je suis sensible à la succession apostolique qui privilège la tradition (au sens de fondation) dans l’esprit du concile Vatican II.

 

Plusieurs éléments nourrissent ma fidélité ; d’abord Vatican II, puis le fait qu’en son sein aient pu émerger, malgré la hiérarchie, ces prophètes et théologiens. En fait l’Église Catholique est ma famille et je tiens à lui rester fidèle, tout en contestant les graves errements actuels. Mais je dois rendre grâce à l’Esprit Saint de votre existence car ma spiritualité en est enrichie.

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