Une lumière pour chasser la peur

Publié le par Eric George

 







 

 

 
















Prédication du 29 novembre 2009

 

Luc II, 8 à 14

Romains VIII, 31 à 39

Esaïe VIII, 17 à 23

 

Dans sa chambre, l'enfant s'éveille. Un bruit peut-être ou un cauchemar. Toute la maison dort et le matin est loin encore. L'enfant écarquille les yeux dans l'espoir de trouver ne serait-ce qu'un infime rayon de lumière et s'y raccrocher. Mais il n'y a rien que les ténèbres, les ténèbres qui avalent tout, les ténèbres qui sont bien pire que tous les monstres qui pourraient s'y tapir parce que les ténèbres eux sont bien réels.

 

Peut-être cette scène vous a-t-elle évoqué des souvenirs, lointains souvenirs d'enfants ou peut-être souvenir de parents. Quoiqu'il en soit c'est cette image qui m'est venue à l'esprit en lisant ces quelques mots d'Esaïe : il n'y verra que détresse obscurité et sombre angoisse.

En effet, ces quelques mots viennent nous rappeler que la première réalité des ténèbres, c'est la peur. Peur de l'enfant dans le noir, panique du claustrophobe dans un endroit clos,  sentiment d'insécurité du promeneur nocturne.

Par analogie, je crois que nous pouvons parler du monde de ténèbres dans lequel nous vivons parce que nous vivons dans la peur.

Il y a nos peurs quotidiennes : peur de la maladie ou de l'agression. Il y a nos grandes peurs actuelles : peur de la précarité, des catastrophes naturelles peur de cette nouvelle forme de guerre qui s'appelle le terrorisme. Et puis, il y a cette peur sans doute plus diffuse et profonde : l'angoisse de vivre dans un monde dont nous ne tenons pas les rennes, dont nous ne comprenons pas le sens.

Bien sûr, nous ne réagissons pas tous de la même façon nous ne nous focalisons pas tous de la même manière sur nos peurs, mais la peur est là, pour chacun de nous.

Et cette peur n’est certainement pas sans fondement : Esaïe reconnaît bien que l’angoisse est justifiée et ni son message d’espérance, ni celui de l’ange, ni celui de Paul ne disent « n’ayez pas peur car il n’y a pas de danger… Mais avant de voir ce message biblique d’espérance, voyons un peu les autres réponses à nos peurs.

 

En effet, autour de cette peur, aujourd’hui comme à l'époque d'Esaïe, arrivent les exploiteurs de la peur : Consultez ceux qui évoquent les morts et ceux qui prédisent l'avenir, Qui poussent des sifflements et des soupirs,  Un peuple ne consultera-t-il pas ses dieux? Ne s'adressera-t-il pas aux morts en faveur des vivants ? (Esaïe VIII, 19)

Ces exploiteurs n'ont pas beaucoup changé en fait.

Parmi eux, on trouve toujours ceux qui invoquent les morts, Je ne parle pas ici de roman ou de cinéma, je ne crois pas que l’imaginaire soit un danger. Bien plus dangereux en revanche me semblent les médiums, astrologues, spirites et voyants de tout poil : ceux qui font commerce de forces occultes. Puisque je peux parler aux morts, c’est que la mort  n’est pas à craindre. Puisque je peux prédire l’avenir, c’est que tout est déjà sous contrôle, c’est que chacun peut, s’il le veut, se préparer et influencer demain. Et c’est terriblement tentant de se rassurer ainsi, de se noyer dans l’illusion d’un contrôle sur notre vie, sur notre destin et même sur notre mort. La Bible a toujours sévèrement condamné ces pratiques, et je ne crois pas que ce soit dans un esprit de crainte de la concurrence. En effet, elle ne les associe pas tout à fait à des idoles. Elle associe plutôt cela au fait de vouloir être Dieu à la place de Dieu, à ce refus de l’homme d’assumer la place qui lui est donné, refus qu’on appelle le péché originel. Je veux m’aventurer sur des terrains qui ne sont pas les miens parce que cela m’effraye que des terrains puissent ne pas être les miens.

Un peuple ne consultera-t-il pas ses dieux ?

Mais la voyance, le spiritisme, le new age ne sont pas nos seuls recours pour nous rassurer

Nous nous tournons aussi vers nos dieux. Cela peut-être l’idéologie politique : quoi de plus rassurant que des slogans, qu’un monde dûment catégorisé entre le bien (ceux qui pensent comme nous) et le mal et l’erreur (les autres), un monde où chaque chose est à sa place et où les solutions sont simples.

Cela peut-être aussi l’économie. Les plus riches comptent sur leur argent les gardera de tous les maux du monde. Nous, nous aimerions parfois simplement en avoir un peu plus, en nous disant que cela nous serait utile en cas de pépin. A une échelle pus globale, on a souvent tendance à croire que la crise économique est le pire de tous les maux et que si nous en sortions, il n’y aurait plus de problème. Bref, Mammon (c’est ainsi que Jésus appelle l’argent) n’a pas de soucis à se faire quant à l’hémorragie de ses fidèles…

Ca peut être aussi la machine que ce soit la voiture, l’ordinateur, nos incroyables systèmes de sécurités ou notre technologie médicale de pointe. Tous ces prodiges censés nous permettre de tenir le monde sous contrôle nous rassurent incontestablement et nous nous confions littéralement à eux.

J’ai appelé tous ceux-là des profiteurs de la peur, cela ne signifie pas qu’ils soient forcément menteurs. Beaucoup sont convaincus que leurs solutions, qu’elles soient magiques, technologiques ou politiques sont les bonnes. Mais cela n’empêche pas que ces profiteurs de peur soient mensongers.

Esaïe l’annonce, avoir recours à de telles solutions, c’est prolonger la peur. Parce que ces prétendus réconforts ne font que laisser trop de monde sur le carreau ou soulever de nouvelles peurs, de nouvelles questions. Et une peur chassée est aussi vite remplacée par une nouvelle peur. Le motif change mais la peur reste là…

Mais revenons à notre enfant et à sa peur du noir. Il a crié. Et très vite, sous la porte, il voit que la lumière du couloir s’est allumée. Il sait qu’il aura droit à des reproches, peut-être se fera-t-il gronder mais qu’importe, les ténèbres ont été vaincues, sa peur a disparu.

Quelle lumière s’allume pour nous ?

Pour Esaïe, c’est dans la Loi et le témoignage que nous la trouvons. La Loi, c'est-à-dire l’Alliance. Dieu fait alliance avec son peuple, il ne se détourne pas de nous.

Et l’ange vient annoncer aux bergers que cette Alliance est manifestée à toute l’humanité en Jésus Christ.

C’est bien ce qu’affirme Paul : une fois que je sais qui est Jésus Christ, une fois que je reconnais en lui l’amour de Dieu pour moi, aucune des catastrophes qui me tombent dessus ne peut plus me mettre à terre. Parce qu’aucune de ces catastrophes ne signifie que mon Dieu se soit détourné de moi.

Et la lumière brille dans le couloir. Pour dire « tu n’es pas seul, je suis là ». Même si elle ne nous éclaire pas encore, même si elle ne dissipe pas nos ténèbres, cette lumière chasse notre peur et nous assure que Dieu se tient à nos côtés.

 

Frères et sœurs, en ce temps de l’Avent que cette lumière brille pour nous et que nous la partagions avec ceux qui nous entourent. « N’aie pas peur, rien ne peut te séparer de l’amour de Dieu. »

Amen

Publié dans Prédications

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