Dans la tempête, personne ne nous entendra crier ?

Publié le par Eric George

tempete-372668.jpgPrédication du dimanche 17 janvier 2010

Psaume 74

Marc IV, 35-41


 

Si j’ai déguisé le temple en bateau ce matin, c’est que voir la vie comme un voyage en bateau est une image classique. On dit bien, mener sa barque, être dans la galère, arriver à bon port. Le cinéma nous a aussi appris que la vie n’est pas un long fleuve tranquille. Il arrive qu’il y ait des remous, des tourbillons voire des tempêtes.

Il y a des moments où le bateau de notre vie est malmené, menacé même. Nous avons tous nos tempêtes, plus ou moins graves, plus ou moins personnelles. Je ne peux pas parler aujourd’hui de tempêtes, sans penser à ce qui s’est passé cette semaine à Haïti, ce tremblement de terre qui a tué au moins 50 000 personnes et en a jeté 1 million et demi à la rue. Tempête terrible à côté de laquelle, nos propres tempêtes semblent bien inoffensive. 

Eh bien je crois que le texte que nous venons d’entendre, cette tempête dans laquelle sont pris les disciples peut nous parler de toutes ces tempêtes.

 

Dans la tempête que font les disciples ? Il y a deux réponses. La première n’est pas explicite dans le texte mais elle est tellement évidente que si les disciples ne l’avaient pas fait, le texte aurait dit qu’ils ne le faisaient pas. Les disciples font ce que font les marins dans la tempête ; ils s’activent, ils se battent, ils font en sorte que leur bateau ne sombre pas.

Et puis, ils appellent Jésus. Il prie. Mais avant de nous étendre sur cette prière, il y a une chose que les disciples ne font pas dans cette tempête.

Ils n’en cherchent pas la cause, ils ne cherchent pas un responsable à accuser, que ce soit Dieu, un des leurs ou eux-mêmes. Ils ne font pas une table ronde pour trouver une réponse théologiquement valable à cette question qui revient toujours : « Pourquoi le mal ? ».

Non, ils luttent contre la tempête et ils prient.

Et leur prière n’est pas une pieuse demande, c’est un cri de souffrance, de peur et de révolte aussi : « Cela ne te fait rien que nous périssions ? »

Je ne sais pas pourquoi le tremblement de terre d’Haïti, je ne sais pas pourquoi les maladies et les tempêtes de ma vie, mais parce que je suis chrétien, je sais que je suis appelé à combattre ce qui détruit et fait souffrir. Parce que je suis chrétien, ce cri est le mien « cela ne te fait rien que nous périssions ? » Et parce que je le retrouve dans la bouche du psalmiste, dans la bouche des disciples, je sais que ce cri est légitime.

Parce que je suis chrétien, je refuse que Dieu soit absent ou qu’il dorme au fond de ma barque, je refuse son silence et son inaction et je crie vers lui.

 

Peut-être un jour me reprochera-t-il mon manque de confiance, sans doute me montrera-t-il que bien sûr qu’il ne nous laisse pas mourir, peut-être que la tempête apaisée, je saurai le louer pour son œuvre. Mais à l’heure de la tempête, frères et sœurs, nous pouvons nous tourner vers lui et crier notre angoisse. Parce que dans ce cri, retentit déjà notre foi, il n’est pas possible que Dieu qui est notre père se détourne de nous à l’heure ou nous allons sombrer. 

 

Amen

Publié dans Prédications

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