Calendrier de l'Avent : Témoins de Noël (11)

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gwzenst8.jpgVois comment les choses se déroulent simplement sur la terre, et quelle grande importance elles ont pourtant dans le ciel. Sur la terre, voici ce qui se passe : Voilà une pauvre jeune femme, Marie de Nazareth, qui ne jouit d’aucune réputation et qui est considérée comme une des plus humbles femmes de la ville. Personne ne se rend compte du grand miracle qu’elle porte. Elle se tait, elle ne prend nul soin d’elle-même, se considère comme la plus humble de la ville. Elle se met en route avec son maître et seigneur Joseph, ils n’ont peut-être ni servante, ni serviteur mais il est le maître et le serviteur, elle est l’épouse et la servante à la maison : ils ont donc abandonné leur maison ou l’ont confiée à d’autres. Il se peut qu’ils aient eu un âne, sur lequel Marie s’est assise, quoique l’évangile n’en dise rien et qu’il soit croyable qu’elle soit allée à pieds avec Joseph. Pense combien elle a été méprisée en chemin dans les auberges, elle qui était digne d’être conduite en carrosse doré et avec toute la magnificence possible ; Sans doute, beaucoup de femmes et de filles de grands personnages ont-elles joui en ce même temps d’un bon logis et d’une grande considération, tandis que cette mère de Dieu, en plein hivers, s’avance à pieds à travers la campagne, alors qu’elle est enceinte. Quelle inégalité ! Or, il y avait plus d’une journée de voyage de Nazareth en Galilée jusqu’à Bethléem en Judée ; ils ont du passer à côté de Jérusalem ou traverser la ville. Car Bethléem est ausu de Jérusalem, Nazareth est au nord.

Comme ils arrivent à Bethléem, l’évangéliste montre comment ils ont été les plus humbles, les plus méprisés ; ils ont dû céder la place à chacun, jusqu’à ce qu’on leur assigne une place dans une étable, où il ont dû faire logis commun, table commune et couche commune avec le bétail. Pendant ce temps, maint homme mauvais a occupé la meilleure place dans l’hôtellerie et s’est fait honorer comme un seigneur. Personne ne remarque ni ne reconnaît ce que Dieu opère dans l’étable ; il laisse les grandes maisons et les riches appartements vides de sa présence ; il les laisse manger, boire et être de bonne humeur, mais cette consolation et ce trésor leur restent cachés. Oh ! Quelle sombre nuit s’est alors abattue sur Bethléem, qui n’a pas pris conscience de cette lumière ! Comme Dieu montre ainsi qu’il n’accorde aucune valeur à ce que le monde est, à ce qu’il a et à ce qu’il peut ! En revanche, le monde démontre qu’il ne reconnaît ni n’estime à sa valeur ce que Dieu est, ce qu’il a et ce qu’il peut.

Vois, telle est la première image par laquelle Dieu confond le monde, nous montre que tout ce qu’il fait, tout ce qu’il sait et tout ce qu’il est, tout cela est condamnable, que sa plus grande sagesse est folie, que sa meilleure action est une iniquité, que ses plus grands biens ne sont qu’infortune. (…)

Mais que se produit-il au ciel à l’occasion de cette naissance ? Autant elle est méprisée sur la terre, autant et mille fois plus elle est honorée dans le ciel. Si un ange du ciel te louait, toi et tes œuvres, ne serait-ce pas pour toi plus que la louange et l’honneur du monde entier ? Tu jugerais ne pas pouvoir souffrir en échange suffisamment d’humiliation et de mépris. Quel grand honneur est-ce donc, quand tous les anges du ciel sont transportés de joie, qu’ils descendent du ciel et se font entendre même des pauvres bergers dans les champs, qu’ils prêchent, chantent et épanchent leur joie au-delà de toute mesure ! Qu’ont été la joie et l’honneur des gens de Bethléem, et même de tous les rois et de tous les seigneurs sur la terre, en face de cette joie et de cet honneur ? Rien qu’une ordure et une abomination, dont personne ne fait volontiers mention lorsqu’on contemple cette joie et cet honneur-là. (…) Les anges ne pouvaient trouver des princes ni des puissants mais des hommes sans instruction et les gens les plus humbles qui fussent sur cette terre. Ne pouvaient-il s’adresser aux grands prêtres, aux docteurs de Jérusalem, qui savaient dire beaucoup de chose sur Dieu et sur les anges ? Non ce sont les pauvres bergers qui devaient être dignes d’avoir cette grande grâce et ce grand honneur dans le ciel, eux qui n’étaient rien sur la terre. Dieu rejette tout ce qui est élevé et, dans notre folie, nous n’aspirons qu’à une élévation vaine, de sorte que nous ne recevons pas d’honneur dans le ciel.


Martin Luther Evangile pour la messe de la nuit de Noël

Publié dans Abécédaire de Noël

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